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Labo sciences historiques

Valérie ALBAC

Email : valerie.

Master - M2R Histoire des sociétés occidentales contemporaines

obtenu en octobre 2018 - Université de Paris-I
Option : Histoire des sociétés occidentales contemporaines

Sous la direction de Dominique Kalifa

Doctorante en histoire

Université : Bourgogne Franche-Comté
École doctorale : SEPT

Sujet : Porter le deuil en France des années 1870 aux années 1950 : représentations, pratiques, production, circulations

Directeur de thèse : Jean-Paul Barrière

RESUME : L’épisode suivant le décès d’un proche est soumis au XIXe siècle à des codes de comportement très réglés, qui perdurent dans les premières décennies du siècle suivant. L'étiquette régit alors un ensemble de pratiques sociales et vestimentaires, prescrivant la monstration d'un rituel mémoriel, familial mais non privé. Le lourd protocole est déterminé par le degré de parenté avec le défunt, ignorant la réalité des relations sensibles et opposant au désordre des phases intimes du chagrin une temporalité préréglée, dans un programme dont la rigueur s'atténue au fil des mois, jusqu'à la sortie du deuil. L'élaboration de ce vestiaire s'énonce comme une forme persistante de code vestimentaire, attribuant à l'allure une valeur morale sans renoncer aux exigences de la mode, enchâssé dans les règles plus larges de construction de l'apparence, la norme indexant celle-ci à chaque circonstance de la journée et de la vie, en signalant l'appartenance sociale.
Cette thèse envisage différentes approches : l'inscription du port du deuil dans l'histoire des sensibilités face à la mort, ses relations avec la mode, son économie – l'urgence de constituer un nouveau vestiaire nécessitant une organisation particulière – ainsi que les productions textiles qui lui sont propres. Les événements de 1870-1871 et la Grande Guerre encadrent une période pendant laquelle la pratique vestimentaire du deuil semble à son apogée en France. Ces moments de conflit interrogent l'expérience du deuil et de sa mise en scène dans le cadre familial et dans le contexte commémoratif national. Le délitement du rituel vestimentaire du deuil semble s'amorcer dans le 2e tiers du XXe siècle. Comment comprendre ce déclin, et quels peuvent être les effets de la 2e Guerre mondiale ? Le port du deuil sera interrogé dans ses circulations et ses adaptations, dans les différentes classes sociales et régions de France, en relevant les influences extranationales. L'étude s'appuie sur un corpus notamment constitué de textes normatifs (manuels de savoir-vivre, presse, plaquettes de magasins), écrits du for privé, archives notariales et commerciales, photographies, récits, vêtements (musées et collections privées).

PUBLICATIONS & COMMUNICATIONS

  1. Article «Le noir se fait la nuit : veillée et industrie du vêtement de deuil dans la législation du travail, 1880-1910», Modes pratiques, n° 5 « La nuit », parution 2023.
  2. Article «"Plafond gris-bleu clair ; six mois de deuil" : le deuil, une étiquette sans affect ? », Sensibilités. Histoire, critique & sciences sociales, n° 8 « Et nos morts ?», janvier 2021, p. 46-65.
  3. Communication «Grande Guerre et vestiaire du deuil», Séminaire Écrire la Grande Guerre dirigé par Stéphane Audoin-Rouzeau et Laurence Campa, EHESS, 1er mars 2021.
  4. Communication «À la Religieuse – maison Debray, enseigne phare des magasins de deuil parisiens (1859-1945)», Séminaire Histoire & Mode IHTP-CNRS dirigé par Sophie Kurkdjian, Les boutiques de modes, 28 février 2020.
  5. Communication «Le deuil : temporalités du code, temporalités de la mode», Journée d'études doctorale IFM / Paris 1 La mode : mémoires du transitoire, Institut Français de la Mode, 17 juin 2019.